Entrepreneur récidiviste : les femmes aussi !
C'est magique l'entrepreneuriat.
Avez-vous déjà ressenti cette émotion de joie lorsque votre projet prend forme ? Que votre produit ou service rencontre l'adhésion du public auquel vous le destiniez ? Des mois de réflexion, de rencontres et d'actions. Puis le lancement, les contrariétés, les itérations pour ajuster, les recrutements, les séances de cogitation collective où chacun y va de son désespoir parfois et de sa créativité combative.
Ce sont des montagnes russes émotionnelles posées sur un socle puissant : le sentiment d'être vivant et aux commandes de son projet ! Même si par moment, il vous échappe, même si les manettes se partagent en grandissant, quelle source inépuisable d'émotions et de vie que décider d'être un entrepreneur.
Entreprendre c'est aussi apprendre de son échec
Et puis il y a des périodes de traversée du désert. Le repli après un échec et le doute sur ses capacités. En France, il y a encore quelques années, être un entrepreneur qui n'avait pas réussi, était un stigmate durable.
Des associations se sont alors créées pour venir en aide à ces audacieux n'ayant pas eu de chance, malmenés par une crise subite , un partenaire indélicat, une capacité financière limitée ou des compétences encore insuffisantes.
Certains professionnels et investisseurs ont alors compris qu'être récidiviste, après avoir tiré les leçons de son expérience précédente, était une des clés des entrepreneurs à succès. Alors bien sûr pas toujours une étoile filante ou une star des podiums des levées de fonds, mais un entrepreneur s'étant posé des questions pertinentes sur le sens de son projet dans sa vie, tout simplement.
Récidiver est plus difficile pour une femme
Mais récidiver n'est pas toujours aisé, notamment pour les femmes.
Certes, les réseaux d'accompagnement à la création ont développé des programmes dédiés. Certes, BPI (Banque Publique d'Investissement) devrait être plus vigilante désormais dans l'accélération des projets portés par les femmes.
C'est oublier cependant une ressource non négligeable : le réseau et son pendant l'information.
- A l'heure où l'essentiel des investissements significatifs se fait dans la tech, le numérique..., comment une entrepreneure qui veut passer à la vitesse supérieure ou une récidiviste potentielle pourrait-elle baigner dans l'écosystème où germent les projets à potentiel ?
- Comment accéder aux lieux stratégiques où se nouent les associations de compétences et talents tech et non tech ?
Manque de réseau, stéréotypes, méconnaissance de l'écosystème, la liste est longue. Alors que tout porte à croire que les projets durables sont le fait d'équipes mixtes aussi bien en termes de genres que de compétences , il est difficile de voir cette dynamique actuellement.
Pour avoir exploré la question, je reste avec une non-réponse : est-elle inexistante ou invisible ?
Récidiver au bon endroit ?
Les femmes se retrouvent statistiquement plus investies dans les secteurs liés au "care", comprenant les domaines du soin, de l'accompagnement et de l'éducation. Cette tendance peut s'expliquer par une combinaison de stéréotypes, d'éducation et de facteurs plus profonds.
Ces activités, bien qu'essentielles pour la société et l'humanité, sont généralement moins rémunératrices, ce qui soulève des questionnements.
- Pourquoi ces secteurs, qui constituent en réalité le cœur de notre tissu social, sont-ils limités dans leur potentiel de croissance en raison d'un manque de ressources financières adéquates ? La rentabilité y est statistiquement faible, en partie en raison de facteurs culturels tels que le bénévolat féminin et la sphère domestique, et les investisseurs sont plus enclins à se tourner vers les technologies.
- Certains pourraient soutenir que la "barrière à l'entrée" que représente une technologie ou un brevet explique ces choix d'investissement. Cependant, pourquoi ces technologies sont-elles encore si rarement appliquées dans le domaine du "care" pour créer une combinaison gagnante ? Ne pourraient-elles pas également devenir une barrière à l'entrée ?
- Ne devrait-on pas également considérer le choix de modèle de société qui sous-tend ces décisions ? Que dire de l'importance d'une communauté humaine saine et durable ?
La vidéo ci-dessous propose des explications sur les obstacles culturels, les stéréotypes et la confiance en soi qui contribuent à maintenir cette situation.
Parce qu'elles le valent bien
Pour accompagner nombre de femmes entrepreneures, et en être une moi également, une multirécidiviste, je suis toujours très intriguée par la profondeur des questions qui émergent durant nos échanges. L'intimité du coaching et le fait que je sois une femme aussi, libèrent des interrogations sur le sens du projet entrepreneurial et/ou sur les motivations à faire grandir son entreprise.
- Les femmes sont plus enclines à parler de leurs vulnérabilités et de leur projet de vie au sens large. L'entrepreneuriat n'est souvent qu'une brique, surtout lorsque la famille est très présente dans l'emploi du temps.
- Chez les femmes plus seniors, libérées de leur agenda millimétré, les rêves changent de dimension et se heurtent à une recherche complexe d'informations.
Le réseau (à nouveau !) est peu présent car mis de côté lorsqu'il entrait en concurrence avec la famille. - Dans les environnements tech, les clubs très masculins peuvent également sembler peu accueillants. Alors comment faire ?
Comment entreprendre ou récidiver en grand quand le moment est propice, l'expérience acquise, les compétences au top ? Comment le faire en tant que femme ? Chercher des "sponsors"? Quels sont les réseaux pertinents ? Où trouver les informations ? Doit-on s'associer avec un homme afin d'accéder aux ressources ? - Enfin, il reste encore des questions sans réponse comme celui de croyances sur talent. Le talent a-t-il un sexe ?
En rédigeant cette dernière interpellation, loin de moi l'idée de blesser. Mais peut-être vous aurai-je donner envie de me répondre.
Partagez vos conseils et la liste des précieuses informations qui permettraient à toutes les récidivistes et entrepreneures qui rêvent en grand, de passer à l'ACTION,
parce qu'elles le valent bien !
Merci
Isabelle Deprez