L’Aventure au féminin, bienvenue dans la vie d’Antonella
Le Seigneur dit à Abram : « Quitte ton pays, ta parenté et la maison de ton père, et va vers le pays que je te montrerai »
(Livre de la Genèse, Ancien Testament)
Je suis née en 1969 en Italie, à Turin. C’est le début des années de plomb dans ce magnifique pays fait d’art et d’histoire. Violences, luttes armées et actes terroristes vont plonger les italiens dans la terreur, eux qui commençaient tout juste à profiter du miracle économique de l’après-guerre. Pour un jeune couple avec deux enfants en bas âge, mon frère et moi-même, quitter le pays devient une nécessité. Mon père a des envies de grands espaces, de terres qui s’étendent à perte de vue. Il jette son dévolu sur l’Australie et initie les démarches administratives. Afin de ne pas imposer à ma mère un éloignement trop brutal avec sa famille, ils finiront par choisir la France. Je me souviens parfaitement de mon départ de Turin, de cette dernière soirée dans cet appartement vide. J’avais presque 4 ans. C’est le début d’une histoire qui me proposera souvent de quitter le connu pour l’inconnu.
1974 – Villard de Lans, sympathique station de ski familiale nichée au cœur du Vercors. J’y passe une enfance normale, parsemée de joies et de peines. Je viens d’une famille méditerranéenne, les hommes occupent une place importante. Je me fais petite et trouve au fond de moi les ressources nécessaires pour devenir autonome assez vite. Je suis partagée entre une scolarité normale et mes retours réguliers dans mon pays natal. Avec le recul, je m’aperçois que ces voyages m’éloignent toujours un peu plus du pays qui m’a vu naître et c’est bien dans le Vercors que je vais me construire. La nature et les montagnes seront un socle important de cette construction.
1988 – Je décroche mon bac littéraire et je me lance dans la grande aventure de la littérature italienne. Je dis grande car je redécouvre l’histoire de mon pays à travers les grands auteurs. Ils me permettent de rentrer plus intimement en relation avec l’histoire de ma famille, ses engagements, ses luttes, ses joies malgré les difficultés et le moteur qui fut le sien : le travail. D’ailleurs, c’est le fruit de mon travail auprès d’enfants à la vie cabossée qui me permettra de financer ces études. J’irai jusqu’à Trieste grâce au programme ERASMUS.
Je prends conscience des valeurs qui m’ont été transmises et quitte ces années d’apprentissage avec l’envie de transmettre à mon tour. Je deviendrai prof d’italien, non par la voie classique à laquelle je renonce. Je décide de sortir des sentiers battus pour transmettre la culture italienne à des professionnels.
1994 à 2001 – De Grenoble à Lyon et de Lyon à Paris, j’enseigne l’italien à des cadres de l’industrie de luxe, du médical et de l’automobile. J’aime la diversité de ces univers, je rencontre des gens intéressants et mes échanges avec eux sont riches. De cette expérience naîtra mon goût pour l’accompagnement.
2001 – J’intègre le Pôle Exécutive Éducation de HEC Paris. Si j’avais su, moi, petite provinciale rêveuse au parcours littéraire, qu’un jour je franchirais les grilles de la plus prestigieuse école de France……..
Je côtoie le milieu très exigeant de l’enseignement de haut niveau, de l’élite. L’apprentissage est difficile, parfois il va à l’encontre de mes valeurs. J’observe durant ces années que la place des femmes dans l’élite ne va pas de soi. J’apprends aussi que la vie n’épargne pas l’élite. Il y a des parcours de vie parmi ces dirigeants qui sont écorchés. Ce sont 5 années où je travaille mes qualités d’écoute et découvre mon goût pour la relation à l’autre.
2005 – J’ai envie d’autre chose, je choisis un Master en Ressources Humaines à la Sorbonne. Je suis dans mon élément.
2006 – Je quitte HEC Paris pour rejoindre la DRH de La Chambre de Commerce. Je piloterai les chantiers de formation et de coaching pour les managers. Je suis au service non pas de ma Direction mais de 40 directions qui s’efforcent d’accompagner leurs collaborateurs vers de nouvelles pratiques, de nouvelles façons d’être. Je fais de belles rencontres, inspirantes.
2014 – Je deviens Maître Praticien PNL à Toulouse. Deux années d’aller-retour pour changer et me transformer.
2015 – Ma mère nous quitte. Immense douleur. Elle me laisse un dernier mot m’invitant à poursuivre mon chemin sans me retourner. J’intègre la mission RSE de la même Chambre de Commerce et découvre l’art délicat d’accompagner la souffrance au travail. Pas toujours en phase avec cette mission qui n’est pas toujours orientée vers l’humain.
2019 – Mon poste est supprimé. Choc brutal mais je découvre assez vite que c’est un signe en ma faveur. Il est temps que je vole de mes propres ailes, que je transforme ces années d’expérience et que je créé. Je renonce à être reclassée. Revient un désir classé depuis 2010 au fond d’un tiroir : devenir naturopathe. Je voyage beaucoup : Israël, Italie (retour aux sources), Portugal, Pays Basque. Je laisse derrière moi ce qui est à abandonner.
2020 – J’intègre ma formation de naturopathe. Beaucoup de travail en perspective, intérieur et extérieur. Ma meilleure amie met fin à ses jours. Elle nous laisse un dernier message : « Vivez ! ». C’est le chemin que je me suis choisie en apprenant du passé et en ouvrant mes bras au présent.