La semaine de 4 jours : une transformation du travail qui s'amorce en 2025 ?

La semaine de 4 jours redéfinit progressivement l'organisation du travail en Europe en 2025.
De plus en plus d'entreprises expérimentent ce modèle, séduites par ses effets positifs sur la productivité et le bien-être des salariés. 

Toutefois, ce mode d'organisation n'est pas universellement adapté : il soulève des défis en termes de coordination, impacte différemment certaines catégories de travailleurs et pose des questions spécifiques sur son effet auprès des femmes dans le monde professionnel.

Plusieurs pays européens ont lancé des expérimentations pilotes pour évaluer les effets de la semaine de 4 jours.
Au Royaume-Uni, une étude menée sur 3 000 employés dans 70 entreprises a révélé une augmentation de la productivité de 20 % et une réduction du stress de 39 % (1).
En Suède, certaines entreprises ont constaté une baisse de l’absentéisme de 25 %, tout en maintenant, voire en améliorant leurs performances économiques (2).

Toutefois, certains experts mettent en garde contre un risque de surcharge pour les employés, notamment lorsque la charge de travail est simplement condensée sur quatre jours.

La mise en place de la semaine de 4 jours a des effets notables sur la productivité et le bien-être des employés. Les entreprises constatent une hausse de l’engagement des équipes.

Une étude du CRÉDOC (2023) indique que 65 % des employés ayant expérimenté ce modèle ressentent une amélioration de leur équilibre vie professionnelle-vie personnelle.

Cependant, pour certains secteurs, les journées plus longues peuvent engendrer une fatigue accrue, contrebalançant les bénéfices en termes de bien-être.

Ci-dessous les principales motivations des salariés à changer de rythme de travail.

Malgré ses nombreux avantages, la transition vers une semaine de 4 jours présente plusieurs défis organisationnels.

Une étude de la Harvard Business Review (2023) montre que 40 % des entreprises ayant testé ce modèle ont rencontré des difficultés de coordination. La nécessité de garantir une continuité des opérations peut entraîner une surcharge de travail pour les équipes restantes. Une étude de l'Université de Cambridge (2024) met également en lumière les tensions accrues au sein des équipes où la communication interne est essentielle.

L’Université d’Oxford (2024) souligne que la réussite de ce modèle dépend largement du soutien managérial et des outils de coordination mis en place par les entreprises.

En France, une spécificité notable est l'existence des accords collectifs et des conventions de branche, qui compliquent l’adoption généralisée de ce modèle.  Selon l’INSEE (2024), 53 % des entreprises considèrent que ces contraintes réglementaires freinent la transition vers la semaine de 4 jours.

Si la semaine de 4 jours séduit de nombreux employés, elle peut être difficile à mettre en place pour certaines catégories de travailleurs. D’après le CRÉDOC (2024), plusieurs groupes pourraient rencontrer des obstacles avec ce modèle :

• Les personnes en situation de handicap ou atteintes de maladies chroniques : 24 % anticipent une détérioration de leur état de santé en raison de journées de travail plus longues.

• Les parents isolés : 46 % estiment que la semaine de 4 jours améliorerait leur satisfaction professionnelle, mais 7 % pensent qu’elle pourrait les contraindre à quitter leur emploi.

• Les salariés en horaires atypiques et les cadres managers : Ceux-ci rencontrent des difficultés en raison de la nécessité d’assurer une continuité des opérations.

• Une charge domestique potentiellement accrue :
  Dans les couples bi-actifs, la réduction du temps de travail pourrait renforcer l’inégalité dans la répartition des tâches domestiques.

• Un impact sur les familles monoparentales :
  7 % des mères célibataires estiment que cette organisation pourrait les contraindre à quitter leur emploi.

• Un levier contre le temps partiel subi :
  En permettant aux femmes travaillant à temps partiel de passer à un emploi à temps plein réparti sur quatre jours, elles pourraient bénéficier d'une rémunération complète tout en conservant du temps pour leurs obligations familiales (source : vie-publique.fr). Cette réorganisation pourrait ainsi contribuer à réduire les écarts salariaux et à favoriser une meilleure égalité professionnelle entre les sexes.

La semaine de 4 jours trouve un terrain favorable dans certains secteurs où la flexibilité et l'autonomie sont plus faciles à mettre en place. Les industries de la technologie, des services, et de la communication sont particulièrement bien adaptées, car elles reposent souvent sur des objectifs plutôt que sur des horaires rigides.

Dans les entreprises du secteur technologique, de nombreuses startups et grands groupes expérimentent déjà ce modèle afin d’attirer et de fidéliser les talents. De même, les métiers créatifs et du digital bénéficient d'une plus grande souplesse pour ajuster les charges de travail.

En revanche, certains secteurs, comme la santé, l'industrie manufacturière et la logistique, où une présence continue est requise, rencontrent davantage de difficultés pour mettre en place une telle organisation. Dans ces domaines, des adaptations spécifiques, comme un roulement des équipes ou un aménagement progressif des horaires, sont nécessaires pour éviter des perturbations.

L'adoption de la semaine de 4 jours pourrait avoir des conséquences importantes à long terme, à la fois sur le marché du travail et sur l'organisation de la société en général.

D’un point de vue économique, certains analystes estiment que la réduction du temps de travail pourrait favoriser une meilleure répartition des emplois, contribuant ainsi à une baisse du chômage. Une étude du MIT (2024) prévoit qu'une adoption à grande échelle pourrait réduire le taux de chômage en Europe de 1,5 point. Toutefois, une analyse du FMI (2023) met en garde contre le risque d’une diminution du PIB si les gains de productivité ne compensent pas la réduction des heures travaillées.

Sur le plan sociétal, une réduction du temps de travail pourrait permettre un meilleur équilibre entre vie professionnelle et personnelle, favorisant une société plus épanouie. Elle pourrait également influencer la répartition des tâches domestiques, bien que cela dépende fortement des évolutions culturelles et des mesures de soutien mises en place.

La semaine de 4 jours représente une transformation majeure du monde du travail, offrant des avantages significatifs en matière de bien-être et de productivité.

Cependant, sa mise en place ne peut être généralisée sans une adaptation aux spécificités de chaque secteur et aux besoins des différentes catégories de travailleurs. Si certains salariés bénéficient d’une meilleure qualité de vie, d’autres, comme les parents isolés ou les travailleurs en horaires atypiques, peuvent rencontrer des difficultés d’adaptation.

Les entreprises doivent donc aborder cette transition avec une approche structurée, en intégrant des outils de coordination efficaces et un accompagnement managérial approprié.

Par ailleurs, une réflexion sur l’égalité professionnelle est essentielle afin de ne pas creuser davantage les disparités, notamment entre les hommes et les femmes.

Avec une stratégie bien pensée, la semaine de 4 jours peut devenir un levier puissant pour concilier performance économique et épanouissement des salariés, contribuant ainsi à une transformation durable du monde du travail.

1. Quels sont les principaux avantages ?

   • Amélioration du bien-être, réduction du stress, hausse de la productivité.

2. Quels sont les inconvénients ?

   • Surcharge de travail, difficulté de mise en œuvre, risques accrus pour certaines catégories de salariés.

3. Quels secteurs sont les plus adaptés ?

   • Technologie, services, industries créatives.

4. Quels sont les impacts sur les femmes ?

   • Potentiel bénéfice pour l’équilibre vie pro/perso, mais risque d’accroissement des inégalités domestiques.

5. Comment gérer la transition vers la semaine de 4 jours dans une entreprise ?

   • Une planification progressive, des phases de test et un accompagnement managérial sont essentiels pour une mise en œuvre réussie.

6. Quels sont les coûts et bénéfices financiers pour les entreprises ?

   • La réduction du temps de travail peut entraîner des gains de productivité, mais nécessite une réorganisation des ressources et des investissements en formation.

7. La semaine de 4 jours est-elle viable à long terme ?

   • La viabilité de la semaine de 4 jours dépend de plusieurs facteurs, notamment du secteur d’activité, des pratiques managériales et des outils mis en place pour assurer une transition efficace.

   • Certaines entreprises observent des gains de productivité et une meilleure rétention des talents, tandis que d’autres rencontrent des difficultés à maintenir un niveau de service équivalent.

   • Les recherches montrent que les entreprises qui accompagnent cette transition avec des formations et des ajustements organisationnels réussissent mieux à pérenniser ce modèle.

(1) : Autonomy Institute, 2023 :The-results-are-in-The-UKs-four-day-week-pilot.
(2) : Swedish Work Environment Authority, 2022: https://www.government.se/contentassets/7a8a3957c3364717971a18ac3ed1d94d/a-good-work-environment-for-the-future--the-governments-work-environment-strategy-20212025

Crédoc : Centre de Recherche pour l'Étude et l'Observation des Conditions de Vie
Avril 2024: étude intitulée "Semaine en 4 jours, horaires flexibles : des formules qui séduisent, mais dont les avantages pour l’ensemble des salariés restent à démontrer" réalisée en collaboration avec la Fondation The Adecco Group