J’ai écrit cette introduction à mon e-learning « La transformation digitale pour les décideurs » pour LinkedIn Learning il y a déjà plus d’un an.
Je la partage à nouveau car elle éclaire tout autant ce que nous vivons actuellementE : des choix gouvernementaux empruntant les mêmes chemins.
La transformation n’est pas un long fleuve tranquille. Nous pouvons néanmoins espérer qu’elle soit - à minima - réfléchie…
La transformation numérique et ses angles morts en bref
L'utilisation des technologies numériques crée de nouvelles opportunités génératrices de valeur dans les entreprises. Elle réinvente les business models et bouscule les organisations de travail. Cette transformation digitale challenge différemment les petites et les grandes entreprises. Mais petites ou grandes, chacune d’entre elle doit affronter plusieurs angles morts. Nous allons aborder 4 angles morts qui contribuent à l’échec des chantiers de transformation digitale.
L'origine de la transformation numérique
Penchons-nous tout d’abord sur l’origine de cette transformation.
Dès les années 2000, site internet, usage des e-mails, plateforme client dématérialisée, outils de partage en interne se multiplient, posant les premiers jalons de ce que l’on appelle la digitalisation des entreprises.
De nouveaux acteurs, poussés par l’émergence de technologies numériques, se lancent à l’assaut de marchés bien établis. Ils repensent les moyens d’accéder plus vite, de manière plus ciblée et plus adaptée aux clients d’acteurs majeurs. On peut même dire qu‘ils exercent une concurrence directe et déstabilisante sur les marchés traditionnels.
Les entreprises traditionnelles sont alors contraintes de réagir en transformant leurs organisations. Cette mue devient un enjeu majeur et les premiers chantiers de transformation digitale sont lancés.
Les facteurs sous-évalués de la transformation digitale
Cette transformation est cependant mise à mal par des facteurs mal évalués ou totalement ignorés. Pour bien les comprendre, je vous propose une analogie. Imaginez que vous êtes au volant d’une voiture. Vous devez absolument prendre la route, car d’autres véhicules, vos concurrents, plus rapides, sont déjà en chemin. Vers où ? Difficile encore de déterminer avec précision. Vous sentez cependant qu’il faut bouger pour ne pas être distancé. Votre présence historique fait de vous un véhicule bien équipé tractant une remorque remplie, certes de bons outils mais aussi de cartes routières un peu anciennes. La topographie pourrait avoir changé. Vos cartes vous indiquent cependant toujours clairement en rouge la voie à emprunter : l’autoroute. Vous foncez. Le paysage défile. Vous êtes presque en mode pilotage automatique. Vous ne vous laissez pas distraire par ces petits coups de vent et cliquetis occasionnels. Vous êtes dans l’axe, celui des process habituels entourés de solides équipiers, experts de leur métiers respectifs. Et voilà que ces atouts liés à l’expérience vous empêchent de voir les changements qui s’opèrent. 4 champs sont pour vous invisibles, je les appelle les 4 angles mots.
Quels sont-ils ?
Le premier angle mort de la transformation numérique
Le 1er angle mort, c’est la route.
La transformation numérique n’est pas une autoroute. Ce sont, non pas un, mais plusieurs chemins qui traversent des villages, c’est-à-dire les différents métiers de l‘entreprise.
Et la DSI ou Direction Technique, qui impulse la transformation digitale, se heurte à des incompréhensions. Pourquoi ? Parce que les métiers de l’entreprise ne sont pas suffisamment acculturés et stimulés pour se réinventer dans cette transformation qui déborde largement la technique.
Le second angle mort de la transformation numérique
Le 2ème angle mort concerne les pneumatiques.
Emprunter des routes plus incertaines nécessite de s’assurer de la résistance de ses pneus et d’en vérifier régulièrement l’équilibrage.
Les petites entreprises roulent en mode tout terrain de longue date et disposent d’atouts certains dans cette transformation digitale. Il s’agit notamment de leur culture d’apprentissage permanent : on parle de « test and learn ». Mais sauront-elles oser suffisamment grand ?
Les grandes entreprises quant à elles sont équipées de pneu poids lourds. Difficile de prendre des virages serrés dans ces conditions. Leur culture favorise l’expertise. Le droit à l’erreur est toléré à la marge… Et alors que transformation digitale crée du désordre, les ajustements sont difficiles. Passer dans un mode de fonctionnement dit « intrapreneurial », nécessite de transgresser. Pas simple dans une culture du process.
Le troisième angle mort de la transformation numérique
Le 3ème angle mort, c’est le fait d’ignorer la présence de passagers à bord.
La réflexion sur la transformation digitale n’a pas pris en compte les spécificités et résistances humaines. L’être humain peut avoir tout d’abord du mal à imaginer ce qu’il ne connait pas et se raccrocher à ce qui a fait ses preuves dans le passé. Avancer dans l’inconnu génère souvent des peurs. Peur de ne pas être à la hauteur. Peur de devoir changer ses habitudes. Peur que la refonte de l’organisation diminue son périmètre d’action et ses responsabilités. Peur que les applications numériques fassent disparaitre son métier aussi. Tout ceci peut être accompagné par le management afin de faciliter la transition.
Le quatrième angle mort de la transformation numérique
Le 4ème angle mort c’est ce que provoque la poussière sur les phares !
Nombre de projets de transformation digitale échouent parce que la stratégie business n’a pas été dépoussiérée en amont. Dans certains cas, l’implémentation technique a précédé la réflexion stratégique. Suivre les feux arrière du véhicule juste devant est apparu comme une solution confortable. Cette option a permis de goûter aux effets du digital. Un nouvel élan est attendu désormais par les équipes. Parce qu’elles doivent arbitrer face aux nombreux challenges de cette transformation, avoir un cap est incontournable. Une ambition business est donc fondamentale pour faire converger les énergies. Mais c’est encore insuffisant. A l’heure des questionnements éthiques de plus en plus nombreux, questionner et rassurer sur la raison d’être de l’entreprise, est non seulement fondamental, mais vital au sens propre. Car le risque est clairement – et définitivement- de voir vos collaborateurs les plus talentueux et vos clients aussi … tout simplement…claquer la porte !
Je vous propose maintenant de poursuivre notre exploration des challenges et nombreuses possibilités permises par la transformation digitale.
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Isabelle Deprez