Dans un environnement économique de plus en plus complexe, où les codes évoluent à vitesse grand V, la prise de décision qui incombe aux leaders et dirigeant.es est un exercice parfois périlleux pour satisfaire autant les interlocuteurs extérieurs que les collaborateurs en interne. C’est en partie ce qui explique la solitude du dirigeant qui s’accentue ces dernières années, comme l’atteste l’étude de Bpifrance Le Lab, intitulée « Vaincre les solitudes du dirigeant » (sortie en novembre 2016 et qui a porté sur 2 400 dirigeants de PME et ETI).
Heureusement, la fatalité n’existe pas. J’en veux pour preuve tous ceux que j’ai accompagnés à un moment charnière de leur vie professionnelle pour qu’ils puissent rebondir, aller de l’avant, ajuster leur regard et leurs actions pour, au final, être plus fort.
Seul ensemble
Enfermé dans votre bureau, rongé par l’angoisse, sous pression, victime d’insomnies, agressif, honteux de ne pas être à la hauteur… Vous reconnaissez-vous ? Si oui, vous faites partie des 50% des dirigeants en proie au sentiment d’isolement, hommes et femmes confondus.
Par où commencer pour remédier à cette sensation pesante, au quotidien, qui peut déteindre sur tous les pans de la vie ?
Avant tout, en tenant compte du fait que nombreux sont ceux qui partagent cette solitude. Ce postulat accepté, n’hésitez plus, osez mettre des mots dessus et les exprimer auprès des personnes que vous rencontrez dans les réseaux professionnels. Il y a fort à parier que vous rencontrerez des dirigeants dans la même situation que vous, soulagés de pouvoir confronter leurs expériences. Partager ses problématiques permet de créer un sas de décompression précieux pour relativiser.
Vous pouvez ensuite vous pencher sur les nouveaux modes de management plus collaboratifs, à savoir plus circulaires que pyramidaux. Ils prônent l’autonomie de chacun et entraînent tout le monde dans un cercle vertueux. Mais tout ceci n’est possible que si vous vous entourez de personnes compétentes et de confiance.
En externe, il est peut-être approprié de faire appel à un cabinet de conseil ou à un coach ? Et pourquoi ne pas structurer un conseil d'administration. Une bonne gouvernance est aussi l'une des clés face à l'isolement dans la prise de décision.
En interne, partager le pouvoir avec un bras droit peut vous permettre de vous accorder plus de moments loin du bureau, indispensables à la prise de recul et au ressourcement vital pour vous et votre entourage.
Se faire aider avant le burn out
Quand on croule sous le poids des responsabilités, on ne sait plus où donner de la tête et il suffit d’un rien pour craquer. C’est ce que l’on retrouve souvent dans les témoignages des hommes et des femmes dirigeants d’entreprise, de petites ou grandes entreprises. Le sentiment de honte vient enfoncer le clou et enferme l’individu qui était destiné à être un leader, à la « non-parole » et à l’isolement. Alors halte à la toute-puissance qui donne au début la sensation vertigineuse mais éphémère d’être clairvoyant et auto-satisfait. Ce leurre qui prend naissance dans le manque de discernement sur soi et son rapport à l’autre mène tout droit au burn out …
Pour contrer ce phénomène de société, il est dans ce cas particulièrement intéressant d’observer les jeunes dirigeants de la génération Y, voire Z, doués d’une capacité à relativiser, à lâcher prise et à avoir confiance en eux grâce à une aptitude à savoir s’entourer. Il suffit de s’immerger dans des espaces de co-working investis par des créateurs de start-ups pour s’en rendre compte rapidement. Le networking qu’ils entretiennent est naturel et encourage le développement de liens entre professionnels qui unissent leurs compétences.
Comme le dit Herbert von Karajan, « l’art de diriger consiste à savoir abandonner la baguette pour ne pas gêner l’orchestre. »
Au final, la pression est toujours là, mais vécue dans un environnement détendu, où l’on sait rire de soi avec les autres, la direction d’entreprise n’est plus envisagée comme quelque chose d’insurmontable mais comme un défi à relever, portée par un projet commun. Et si ces générations y arrivent, pourquoi pas vous ? Tout l’enjeu consiste maintenant à trouver une/des oreille(s) bienveillante(s) pour entendre votre douleur, et vous aider à relever la tête. Par la force du collectif, vous avez les clés pour rebondir.
Isabelle Deprez, coach de dirigeant