Savez-vous que les générations qui arrivent sur le marché du travail rêvent de moins en moins de carrière dans le marketing, la finance ou le conseil ?… Elles se rêvent plutôt en pâtissier, artisan ou cuisinier. Bien sûr, je ne parle que d’une frange de cette jeunesse. Mais elle semble ne plus en plus large. C’est ce genre de phénomène que j’explore aussi dans mon dernier ouvrage, Réenchantez le travail, c’est possible !, qui en dit long sur notre société, sur les aspirations nouvelles à la stimulation, à la quête de sens, au faire et au plaisir dans la sphère professionnelle. Sans pour autant laisser de côté la vie privée.
« Choisissez un travail que vous aimez et vous n’aurez pas à travailler un seul jour de votre vie ».
Confucius
Bousculer le statu quo
Il y a la vague des milleniums « révoltés » dont le terme est largement utilisé par les médias, les chefs d’entreprises et les DRH. A juste titre ! Car comment capter, fidéliser, optimiser les jeunes talents qui ont plus de compétences que leurs ainés pour évoluer dans le New Normal ? C’est l’un des enjeux des entreprises actuellement. Avec entre autres l’arrivée de ces jeunes nés entre le début des années 80 et le milieu des années 90, on assiste aujourd’hui à un mapping agrégeant des communautés humaines en mouvement, toutes agissantes et partageant de solides valeurs.
Les slasheurs – ceux qui prônent la pluriactivité – font partie de ces nouveaux phénomènes qui interrogent les sociologues. Quand ce ne sont pas les makers – autrement dit les faiseurs – en mode Do it yourself, qui collaborent et s’appuient sur l’open source pour, par exemple, lutter contre l’obsolescence programmée. Mais aussi les solo entrepreneurs, ou encore les late bloomers qui révèlent tout leur potentiel une fois la quarantaine passée. Bref, le tissu entrepreneurial français ne cesse de se densifier et de se renouveler. Tous ces individus qui n’ont pas froid aux yeux cassent les codes et obligent le monde du travail à s’adapter.
Portés par une énergie créative, ces rebelles d’un nouveau genre peuvent être source d’inspiration. Même s’il ne s’agit pas de tomber dans un certain angélisme, ils montrent qu’il est possible de … réenchanter le travail.
« C’est ensemble que l’on construit la société ».
Lucie Basch
Lucie Basch est une jeune ingénieure centralienne, fondatrice de Too Good to Go
Vivre en mode start-up
C’est connu : la passion lève tous les obstacles. C’est un peu le message qu’envoie justement certains start-uppers. Ils n’ont pas toutes les compétences pour faire naître leur projet ? Ils détectent et regroupent les talents ! Mais pas n’importe lesquels… Ils recrutent des personnes le plus souvent engagées, un brin idéalistes comme eux, qui aspirent à changer le monde, du moins leur monde et leur propre mode de vie. C’est le cas par exemple de Too good to go. C’est mon fils de 25 ans qui m’a fait découvrir cette jeune entreprise via une application mobile. Je vais désormais être plus attentive et partager ces innovations qui ont du sens et qui méritent d’être mises sur le devant de la scène. Ces jeunes diplômés ont décidé de s’engager contre le non sens de nos modes de consommation en s’attaquant au gaspillage alimentaire. « C’est ensemble que l’on construit la société » est un de leur credo, avec l’envie de donner à tous l’envie de s’impliquer. Un bel exemple de start-up qui innove pour résoudre nos grands défis contemporains. Pour mon livre, j’ai aussi interrogé le fondateur d’une nouvelle boutique en ligne, Hellonatural. A 34 ans, ce jeune entrepreneur reflète bien les aspirations de sa génération. Il a quitté lui aussi un travail sûr pour monter son projet et le ficeler autour de valeurs qui lui sont chères : transparence, état d’esprit collaboratif, philosophie de vie tournée vers une vie saine, responsabilité envers la planète… D’autres entretiens sont à retrouver dans mon livre, chacun apportant un éclairage différent pour mieux comprendre ce qui est en train de devenir une véritable lame de fond dans le monde professionnel.
Et c’est parce que moi aussi je suis intimement convaincue que le meilleur est à venir, et ce parfois malgré les apparences, que – preuves à l’appui – j’ai écrit cet ouvrage « Réenchanter le travail, c’est possible ! »
Isabelle Deprez