Pour conclure ce chapitre sur le sentiment d’impuissance (après Cinq marches pour se (re)mobiliser et Comment sortir du sentiment d’impuissance) dans un monde de plus en plus fou, malmené et complexe, j’aimerais vous parler ici des solos entrepreneurs. De plus en plus nombreux, ils redéfinissent les contours du marché de l’emploi et révolutionnent le travail. Oui mais comment, et pourquoi ? Explorons ensemble cette nouvelle voie aussi risquée que riche de défis et de satisfactions.
" Tu peux rester immobile dans le courant d’une rivière, mais pas dans le monde des hommes " .
(Proverbe Japonais)
Des solo-entrepreneurs en mode start up
Le travail le plus valorisé en France reste certainement le salariat, et idéalement en CDI. Mais qui n’est pas conscient qu’aujourd’hui, le modèle traditionnel est “menacé” par l’arrivée de nouveaux statuts ? La médiatisation des réussites entrepreneuriales, qui contribue à démêler l’écheveau de nos croyances autour du mono modèle du salariat est encore très récente ! En outre, le zoom est quasi exclusivement fait sur les start-ups. Les autres entrepreneurs, dans toute leur diversité, méritent pourtant qu’on les mette en lumière. Moi qui ai opté pour le statut de solo-entrepreneur (via une SARL) depuis des années, je n’ai aucune difficulté à le revendiquer. Bien au contraire ! Ce mode de fonctionnement qui demande de la structure et beaucoup d’organisation, oblige à travailler un business model de la même façon qu’un créateur de start up le ferait pour assurer la pérennité et l’évolution de son activité. « Mission », « valeurs », « vision » sont les mots-clés de notre quotidien. Tout comme « flexibilité », « diversification » « partenariats ». Autant de termes qui montrent à quel point choisir d’être en solo ne rime pas du tout avec « solitude » et « déconnexion du monde ». C’est même tout l’inverse. Je ne compte plus les partenariats stratégiques que je mets en place avec des experts pour m’entourer de compétences qui me permettent de m’appuyer sur des savoir-faire variés et pluridisciplinaires. Les personnes, qui, comme moi, choisissent l’autonomie pour déléguer des tâches annexes ont l’embarras du choix avec l’outsourcing : assistance virtuelle, expert-comptable en ligne, copywriter, webmaster. Je ne dis pas que je fais appel à toutes ces possibilités de prestations externes. Mais je souhaite juste montrer à quel point les indépendants sont souvent à la tête d’une organisation bien huilée, avec des process formalisés et un véritable management. A l’instar donc d’une start-up…
« Ce que nous pensons, ce que nous savons ou ce que nous croyons, a, à la fin, peu de conséquences. La seule chose qui compte c’est ce que nous faisons ».
John Ruskin
Des aventuriers du nouveau monde
Alors arrêtons de victimiser les solos, ces femmes et ces hommes entreprenants, et de les présenter comme des dommages collatéraux de l’ubérisation. La réussite d’une entreprise ne se mesure plus depuis belle lurette au nombre de ses salariés et pourtant la noblesse de l’entrepreneur, entends-je encore souvent, se compterait au nombres de bouches qu’il nourrit ! Small is also beautiful ! Et small peut aussi vouloir dire sans limite d’espace ni de temps ! Car qui dit solo entreprenariat dit souvent cyber-entreprenariat : les personnes – une population hétérogène – qui optent pour ce mode de vie (soit par le fait d’une décision forcée après une période de chômage soit par opportunité et choix) s’appuient sur des techniques d’information et de communication innovantes et dans l’air du temps. La construction de ses alliances en dépend. A la clé, avec une bonne stratégie, l’accomplissement personnel, les défis relevés et les possibilités de gains financiers liés à sa propre valeur ajoutée sont souvent au rendez-vous. Encore faut-il apprendre à décoder le monde plus qu’à coder des programmes informatiques*. Alors même s’il ne s’agit pas de croire que chacun a des dispositions à entreprendre, il me paraissait important ici de vous montrer un autre visage des indépendants. Dans le cas où vous sentiriez comme un appel à rejoindre ces aventuriers du nouveau monde.
* Source : Lettre à mes enfants : Vous allez vivre dans un futur vertigineux – 04/11/2015 par Laurent Alexandre, fondateur de Doctissimo et DNAVision.